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Nous quittons définitivement Mexico par la banlieue nord-est à travers les bidonvilles qui envahissent les collines environnantes : l'exode rural est tel qu'il y aurait 2000 arrivées par jour !
De nombreux bidons noirs comme celui de gauche fleurissent sur les toits : ce sont des réserves d'eau. La pénurie d'eau, qui est en passe de devenir le problème le plus important au Mexique, est d'autant plus critique dans la ville de Mexixo que l'assèchement des nappes fréatiques contribue à l'enfoncement de la capitale.
Nous nous arrêtons dans une fabrique d'objets en obsidienne, étape obligée pour nous permettre de faire connaissance avec l'artisanat local et surtout d'acheter des oeuvres d'art à prix fort ! (oui mais là, c'est authentique, ailleurs c'est de la ... mauvaise qualité. Nous verrons exactement les mêmes objets sur le site archéologique 60% moins chers que le prix le plus bas obtenu après marchandange... et si c'était de la pacotille et bien... on ne voyait absolument aucune différence !)
Blocs d'obsidienne
Les jolis reflets de l'obsidienne dorée ressortent encore mieux quand on mouille la pierre...
Il y a aussi beaucoup d'échantillons de pierres semi-précieuses sur lesquels lorgnent toutes les femmes du groupe ! (topaze, améthyste, turquoise, agate, lapis-lazuli...)
Un très beau masque en cours de réalisation.
Avant la visite, nous avons droit à une très intéressante démonstration sur toutes les utilisations possibles de la plante reine du Mexique : l'agave.
Parchemin, arme, aiguille, fibre à tisser, fil à coudre et surtout... Tequila !
Ce cactus a toutes les vertus... (admirez la broderie "Notre Dame de Guadalupe", du plus bel effet en écusson sur votre sac à main ou en étui pour votre téléphone portable...)
Dans la cour, nous pouvons d'ailleurs admirer plusieurs sortes de cactées
Comme chaque fois que je craque pour des objets sans avoir les moyens de me les payer, je les prends en photo ! (ça revient moins cher...)
De plus, j'ai la certitude intime que cette parure a été créée spécialement à mon intention ! (mais pas son prix...)
C'est vrai que cet artisanat inspiré des oeuvres archéologiques (masques, sculptures, bas-reliefs...) est une merveille. Pour ma part, depuis la visite du Musée de Mexico, je craque complètement pour la Pierre du Soleil, quel que soit le support utilisé pour la représenter !
THEOTIHUACAN : "Là où les dieux naissent et se sacrifient"
Teotihuacan est situé à 40km de Mexico et à 2000m d'altitude.
Cette cité-état dont on ne connait pas l'âge exact (elle a été fondée avant notre ère puis abandonnée avant d'être redécouverte et repeuplée par d'autres civilisations) ni le nom (Teotihuacan est le nom donné par les Aztèques qui ont redécouvert la cité plusieurs siècles après son abandon) étendra son influence sur toute l'Amérique Centrale au Ve siècle après JC.
Ses premiers occupants étaient des Nahuas, peuple guerrier venu du nord. A cette époque l'eau était abondante dans la vallée (torrents venus des montagnes, rivière San Juan) et les côteaux recouverts de forêts. Le sous-sol renfermait de l'obsidienne avec laquelle ils fabriquaient les outils et objets rituels. De plus le site était stratégiquement placé entre les côtes est et ouest du pays : tout ceci a favorisé le commerce et l'expansion de cet immense centre religieux multi-ethnique qui, avec ses 150 000 habitants, ses 25km² de superficie et ses 22 000 ensembles architecturaux était, à son apogée, la plus grande cité du continent américain.
Aujourd'hui seulement 2% du site a fait l'objet de fouilles systématiques et la Cité des Dieux n'a pas encore livré tous ses mystères... Sous ce monticule vert : une pyramide !
L'entrée par laquelle nous pénétrons sur le site est située à mi-chemin de la Pyramide du Soleil et de celle de la Lune, nous offrant de belles perspectives sur ces deux monuments.
La Pyramide du Soleil , 246 marches et 70m de hauteur, a été construite en une seule fois, au-dessus d' une grotte. Sur une base de 225 m de côté, avec 5 plateformes, cette pyramide achevée en 150 après JC est monumentale (la 3e plus grande du monde). Elle est astronomiquement alignée, de manière à faire exactement face au soleil le jour du solstice d'été. Ainsi, le 19 mai à midi, alors que les 4 pans de la pyramide sont illuminés par le soleil, les 4 côtés du petit étage supérieur restent à l'ombre.
Le temple qui occupait son sommet a disparu.
La Pyramide de la Lune est faite de plusieurs pyramides superposées.
Bien qu'elle soit moins haute que celle du Soleil, le dénivellé du terrain met les 2 sommets à la même altitude ! Toutefois, on ne peut plus accéder tout en haut de la Pyramide de la Lune à cause de la fragilité des marches... seul le premier étage est ouvert au public.
On ne sait pas à quels dieux étaient dédiées ces pyramides au début de notre ère... ce sont les Aztèques qui ont réinvesti ce sanctuaire au XIVe siècle avec leurs propres croyances et leur ont donné leur nom actuel.
Nous arrivons sur la Place de la Lune par les "coulisses", Saul nous ayant réunis préalablement sur un monticule à l'ombre d'un arbre pour une longue conférence historique...
Bien que beaucoup plus jeunes que les pyramides égyptiennes, ces édifices n'en restent pas moins impressionnants... et puis je trouve que les pyramides à degré sont très harmonieuses. La Pyramide de la Lune a été construite à la suite de 7 étapes de constructions fêtées, comme il se doit, par moults sacrifices humains...
Ben, oui, il faut grimper... la motivation est plus grande que le vertige et la fatigue due à l'altitude !
Et puis d'en haut, c'est bien ! (n'insistez pas, je ne reculerai pas davantage !)
Nous pouvons admirer la dimension du site, avec les 4 km de l'Allée des Morts (ainsi nommée car les Aztèques croyaient que les édifices qui la bordent étaient des tombeaux), les temples dédiés aux dieux secondaires, les palais et complexes résidentiels, la Pyramide du Soleil, l'autel central de la place où étaient exécutés danses et rituels religieux...
C'est grandiose.
Et haut !
Finalement mon vertige est content qu'on n'ait pas accès aux étages suivants !
Surtout que ma motivation me fait trop souvent oublier, quand je pars à l'assaut des escaliers, c'est qu'après... il faut redescendre ! En fait, quand je finis par me retrouver toute seule en haut des marches (Norbert est déjà en bas... aucune pitié !), je n'ai plus d'autre choix que de me décider à bouger !
Ensuite nous partons visiter les ruines de palais situés sur le côté de la place
où l'on peut voir encore des restes du stuc rouge qui recouvrait les bâtiments...
... et des fresques intérieures protégées par la pénombre.
Flash interdit... dur dur pour des photos nettes !
Les couleurs naturelles utilisées pour les peintures rappellent celles des pierres semi-précieuses exposées à l'atelier de ce matin...
Nous empruntons la Chaussée des Morts en direction de la Pyramide du Soleil. En chemin, une autre fresque représentant un jaguar (léopard), animal très répandu dans les forêts de l'époque.
Nous devons aussi partir à l'assaut de la Pyramide du Soleil malgré l'orage qui menace... nous avons en effet dû froisser les dieux car les nuages de pluie s'annoncent derrière notre dos! Il faut dire que les dernières recherches indiquent que la pyramide était probablement dédiée au dieu de la pluie Tlaloc plutôt qu’au soleil...
Mais nous ne renoncerons pas, surtout qu'un vendeur m'appâte en me présentant un magnifique tapis à l'effigie de la Pierre du Soleil... Je ne peux pas acheter, vite, une photo !
C'est en soufflant comme une accro à la cigarette, les poumons en feu et complètement désséchée de l'intérieur, que j'arriverai en haut, après plusieurs étapes destinées à ... profiter pleinement du paysage, alors que Norbert a tout monté d'une seule traite et presque en courant !
Une des étapes destinées à profiter pleinement du paysage... et imaginer ces pentes couvertes du sang des sacrifiés ! De toutes façons, à mon avis, la montée jusqu'au sommet est tellement épuisante que les promis au sacrifice étaient déjà morts avant d'arriver jusqu'à la lame d'obsidienne du prêtre !
Vue sur la Chaussée des Morts et la Pyramide de la Lune
La civilisation de Teotihuacan prendra fin vers 650 après JC sûrement pour des causes multiples : changement climatique et sécheresse, famines, révoltes, incendies et remise en cause de l'efficacité des sacrifices humains... La cité sera désertée et les peuples suivants verront là l'oeuvre de géants !
Mais son souvenir sera toujours resté dans les légendes indiennes car c'est le lieu où se sont affontés Tezcatlipoca et Quetzalcoatl et où les dieux réunis en assemblée ont décidé de l'avènement du 5e soleil...
Mythe aztèque de l'origine du monde : après quatre tentatives infructueuses pour donner naissance au cosmos, les dieux se réunirent à Teotihuacan pour créer le cinquième soleil. Deux d'entre eux furent choisis pour être sacrifiés afin que, par leur mort, ils puissent animer le monde. Au moment de se jeter dans le brasier, ils hésitèrent, mais s'exécutèrent. Cependant, l'un d'eux, secouru par l'aigle, se transforma en soleil, tandis que l'autre, grâce au jaguar, put renaître de ses cendres et devint lune. Cela ne suffit pas, car les astres demeuraient immobiles, et les dieux durent consentir à offrir leur sang en échange de la vie cosmique...
Dans l'iconographie de Teotihuacan, les figues de barbarie représentaient les cœurs
arrachés et offerts au soleil.
Comme - je le rappelle- nous sommes en saison sèche, c'est sous une pluie battante que nous rejoignons le car sans passer par la case " citadelle et temple de Quetzalcoatl " (screugneugneu, on s'est fait avoir sur ce coup-là !) pour nous rendre sur le lieu de notre déjeuner en traversant les cultures de cactus.
Au restaurant, nous bénéficions d'animations musicales et dansées
avec le dieu du Soleil et la déesse de la Lune...
...et les incontournables Aïe Aïe Aïe !
Au mur, un très joli beaucoup magnifique tableau...
Je peux pas acheter alors je prends en photo !
ARTICLE SUIVANT : PUEBLA
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Nous quittons Tehotihuacan, direction la ville coloniale de Puebla au sud-est de Mexico.
En route, nous sommes sensés admirer les belles silhouettes des volcans Popocatepetl (ou "montagne qui fume"), Ixtaccihuatl (ou "la femme blanche") et le Cerro de la Malinche (surnom de la femme indienne de Cortez). Mais le ciel est bien couvert et nous avons beau écarquiller les yeux, difficile d'apercevoir les mastodontes. Toutefois, comme nous sommes en saison sèche, nous gardons espoir de les voir plus tard...
Puebla est la quatrième ville du pays, célèbre pour ses maisons patriciennes espagnoles de l'époque coloniale dont les façades sont ornées d'azulejos et de talaveras (faïences multicolores)
Le premier édifice que nous voyons dès notre arrivée à Puebla c'est.... une église.
Avec des azulejos, bien sûr (Eglise de San Francisco)
Nous avançons de quelques mètres et que voyons-nous au détour d'un carrefour ?
Ah, tiens ! Une autre église !
Le car progresse vers notre hôtel, jetons un oeil sur les bâtiments alentours...
Oh ! Une église !
Nous voici arrivés près de notre hôtel, la rue est piétonne aussi le car nous dépose au pied ...
...d'une église bien sûr ! Bon ici, ils essayent de tromper le monde en l'appelant "Temple de la Compagnie de Jésus" mais on n'est pas dupe...
En fait, Puebla, connue populairement sous le nom de Puebla de Los Angeles, compte près de 70 églises pour 2 millions d'habitants, et la plus ancienne cathédrale du Mexique. Son centre historique est classé par l'UNESCO, comme presque tout le Mexique d'ailleurs...
Nous logeons cette nuit à l' hôtel Colonial, ancien couvent jésuite du XVIIe siècle classé monument historique, idéalement situé à 100m du Zocalo.
Sympa, le quartier...
Nous montons vite nous rafraîchir avant de repartir à pied visiter la ville.
Mais je ne résiste pas à l'envie de faire quelques photos du joli intérieur de l'hôtel...
Sur la mezzanine qui surplombe le resto...
Vue de notre chambre sur l'Université.
Et surtout, je prends le temps de monter sur le toit d'où, normalement, on peut voir le Popocatepetl... (raté !)
Bon, c'est joli quand même !
La cathédrale vue du toit, avec sa coupole couverte de céramiques.
Ses deux tours sont considérées comme les plus hautes du pays.
Le groupe n'attendait donc plus que moi pour une petite virée dans le centre historique...
La Casa de las Munecas (Maison des Poupées) est ornée de sculptures et de représentations de personnages aux positions parfois quelque peu grotesques (il paraît que ce sont les 12 travaux d'Hercule... )
La plaza de la Constitucion ou Zocalo est bordée de "portales" et de maisons très colorées.
Le Palacio Municipal
Inspiration orientale ?
Inspiration Art Déco
Nous aurons souvent l'occasion de constater que les Mexicains mélangent art déco et architecture coloniale avec bonheur.
La cathédrale vue du parvis.
Tout le tour du Zocalo est une merveille de décorations murales
Nous empruntons la rue piétonne Cinco de Mayo
En passant devant la Casa del Alfenique (du "sucre d'orge")
Jusqu'à l'église Santo Domingo
Outre son impressionnant retable doré, l'église est surtout célèbre pour sa Capilla del Rosario, joyau du baroque mexicain. Elle date de la fin du XVIIe siècle ... attention, yeux fragiles et amateurs de sobriété s'abstenir !
Recouverte d'or 22 carats, la Chapelle est tellement étincelante que ça fait bugger mon appareil photo qui ne sait plus sur quoi faire la mise au point !
Plan rapproché sur la coupole avec ses sculptures en marbre et onyx : on est dans le baroque débridé !
La Vierge du Rosaire en question... (désolée : flash interdit ! Et je n'ai pas osé m'avancer davantage
pour ne pas déranger les fidèles en prières...) Notez que cette vierge est blanche et pas indienne.
Allez encore un petit peu pour la route ! (plafond de la chapelle)
Et un angelot bizarrement accoutré...
Saul nous abandonne à notre triste sort pour un peu de temps libre que nous passons à nous promener dans les rues piétonnes puis assis sur un banc à observer les habitudes des Mexicains de Puebla (qui mangent toute la journée, comme ceux de Mexico... y'a d'ailleurs souvent des petits effets notables sur la corpulence !)
Marché couvert, plein d'étals de sucreries et de friandises aux fruits secs...
je résiste !
Nous empruntons des rues aux maisons non rénovées mais qui gardent toutefois tout leur charme.
Ici aussi les coccinelles pullulent (l'usine Wolkswagen n'est pas loin...)
Nous revenons sur le Zocalo pour aller visiter l'intérieur de la cathédrale
Toute de bleu et d'or vêtue, faisant la part belle aux jeux de lumière...
elle me rappelle la cathédrale de la Mosquée de Cordoue.
Elle nous paraît immense avec ses cinq travées coupées par le transept et
la croisée surmontée d'un dôme.
C'est super beau, bien plus que celle de Mexico (que nous n'avons vue que
partiellement, il est vrai).
Le beau maître-autel (Alta Mayor) néoclassique dessiné par Manuel Tolsa
est fait d’onyx et de marbre extraits des carrières de Puebla.
Nous faisons la visite dans un silence respectueux, d'une part parce que
nous sommes impressionnés par la beauté des lieux et d'autre part parce
que, comme dans toutes les églises du Mexique que nous avons visitées,
il y a des offices religieux à toute heure du jour !
A la sortie, nous avons la surprise de voir une des monumentales portes
extérieures protégées par un rideau... végétal !
Le soir, au repas, nous avons bien sûr droit aux Aïe, Aïe, Aïe... (mais les flûtes de Pan remplacent les trompettes... merci pour nos oreilles !)
et nous goûtons pour la première fois, en guise d'accompagnement de notre steack de boeuf, le "mole poblano", spécialité gastronomique de Puebla, sauce chaude et très pimentée au... chocolat ! Les Mexicains en raffolent... Bon, dans l'absolu, j'en aime tous les ingrédients (cacao, piments grillés, tomate, sésame, noix, cannelle...) mais je dois dire que mélangés et avec du piment à forte dose... c'est un peu hard ! Et puis pas facile de saucer avec une galette de maïs qui durcit en refroidissant...
Après le repas et un brin de causette dans les salons avec les copains du groupe, nous montons à nouveau sur le toit voir Puebla la nuit...
Tiens ? Une église !
Ce circuit se révèle vraiment très dense, ce soir nous avons du mal à nous remémorer le nombre de merveilles que nous avons vues en une seule journée !
Demain, réveil prévu de bonne heure pour le lever du soleil sur le Popocatepetl... puisqu'on est en saison sèche, le temps devrait être dégagé !
ARTICLE SUIVANT : SUR LA ROUTE D'OAXACA
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Nous voilà donc prêts à l'aube pour aller admirer sur le toit de l'hôtel la silhouette du Popocatepelt...
Mazette ! C'est le déluge !
On aurait dû voir ça :
A la place, on a ça...
Ce qui est normal, puisque c'est la saison sèche...
Quant au paysage vu derrière la vitre du car...
Pas mieux !!!!!
On n'a donc pas bien le moral surtout que notre guide choisit ce trajet pour nous dépeindre la société mexicaine, la pauvreté, la corruption, l'insécurité, la débrouille et le marché noir... : " un pays riche peuplé de gens pauvres ", nous dit Saul en rajoutant régulièrement pour appuyer ses explications :"Alors, bommé, c'est oun peu ridicoulé, non ?" (le plus insolite, c'est quand il nous parlera de l'importance de la "moule" pour les mexicains... vous savez, l'animal qui ressemble à un âne...)
Heureusement, le temps se dégage progressivement ce qui nous permet de nous arrêter dans la Réserve de la biosphère de Tehuacan-Cuicatlan pour prendre quelques photos des cactus candélabres géants.
Finalement, la cohabitation soleil/nuages noirs fait de jolies photos !
Il y a dans cette réserve des espèces uniques au monde.
A ma question, Saul a répondu qu'il s'agissait de Huisatxin... vérification sur internet, ça signifie mimosa ! Bon je ne suis pas experte en botanique, mais ça, ce n'est pas du mimosa...
Là, je sais, c'est bougainvilliers...
Là, on peut voir la véritable dimension de certains (je parle bien sûr des cactus...)
Les cactus candélabres peuvent atteindre 15 mètres ( ils
prennent 1 cm par an) et peser plusieurs tonnes.
Pas mal, le décor...
Nous continuons la route en longeant la Sierra Madre Orientale
C'est marrant les cactus sur les pentes des montagnes...
Et puis aux abords d'Oaxaca, l'oxyde de fer nous fait la surprise de paysages dignes des parcs nationaux de l'ouest américain...
Ici même, dans quelques millénaires, Bryce Canyon 2... il nous faudra revenir !
Le resto de midi (où nous regoûtons... avec plaisir... le mole poblano) a une arrière-salle sobrement décorée... ce soir, c'est sûr, c'est la Fiesta !
ARTICLE SUIVANT : MONTE ALBAN
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Oaxaca (prononcer "Wouarraca") est la capitale d'un état qui couvre une bonne partie de la chaîne de la Sierra Madre del Sur. Parmi les 3 millions d'habitants qui habitent ces vallées, la moitié sont indiens avec de nombreux groupes ethniques et c'est vrai qu'on est loin de la physionomie latino stéréotypée telle que l'on peut la voir dans les téléfilms américains.
Jeune indien zapothèque ayant subi les affres de l'automutilation en sacrifice aux dieux solaires...
La région a donné naissance à de nombreux personnages célèbres, peintres, écrivains ou hommes politiques, comme Porfirio Diaz (que Saul appelle "le dictateur") ou Bénito Suarez, fils de paysans zapothèques et premier président indien du Mexique.
La "ville de Jade" doit son surnom à la couleur verte des pierres de construction qui proviennent d'une carrière locale. C'est une petite ville animée de 250 000 habitants au caractère colonial prononcé et au marché couvert très coloré. Nous devions y découvrir ce soir (en supplément) la diversité des danses et des costumes traditionnels des 7 régions de la province mais les changements de programme nous obligent à nous lever très tôt demain pour prendre l'avion (en fait, la baisse du tourisme due au virus H1N1 a obligé les compagnies aériennes mexicaines à annuler des lignes -dont la ligne Oaxaca /Tuxta Guttierez- ce qui nous oblige à repasser par Mexico pour nous rendre dans le Chiapas) : Saul a donc jugé qu'il nous était impossible de nous coucher tard ce soir ! (nous prendrait-il pour des vieux croûtons ?)
Nous empruntons la rue piétonne pavée Macedonio Alcala pour aller visiter l'église Santo Domingo, joyau chirrugueresque (comprendre " à la décoration simple, dépouillée, terne et sans fioritures...") dont la construction a été entamée en 1626 par des frères dominicains.
Le premier aperçu de ses tours est magnifié par la floraison rouge des flamboyants qui ornent la place.
Bien sûr, je ne peux pas m'empêcher de m'attarder un peu sur la beauté de cette floraison...
Un vaste parvis permet de prendre du recul pour cadrer le bâtiment en entier... sympa d'avoir pensé aux photographes !
Comme promis l'intérieur est sobre et épuré... difficile d'imaginer que le bâtiment a été converti en étable en 1859 après la séparation de l'Eglise et de l'Etat !
Bon, il faut s'y faire, ici ils aiment les dorures...
Beaucoup...
Vraiment beaucoup !
Vraiment, vraiment beaucoup ! (Chapelle de la Virgen del Rosario)
En continuant seuls notre promenade, nous nous extasions devant
quelques façades...
...et nous arrivons bientôt sur le Zocalo dominé par la cathédrale et orné d'un très joli kiosque à musique garni de... musiciens ! (ça tombe bien)
Avec des spectateurs très attentifs et qui ne risquent ni l'insolation, ni le coup de fatigue...
Nous craquons pour l'achat de peintures sur écorces ce qui nous permet de prendre des portraits des adorables petites vendeuses (pas difficile d'avoir le consentement des indiens pour les prendre en photo... j'ai demandé à leur maman qui s'est pliée à la décision des petites... ouf, elles ont bien voulu !)
D'autres scènes de la vie mexicaine comme nous en verrons sur la plupart des zocalos...
Là, ils m'ont demandé de payer pour avoir pris la photo...
Nous rejoignons le marché couvert dont l'encombrement, l'amoncellement et l'étroitesse des passages nous rappelle le marché chinois de Saïgon...
Là, c'est l'entrée, alors on a presque autant de place que dans la galerie marchande de Carrefour...
Mais ensuite, il faut avoir un champ de vision très large et une coordination visio-motrice très développée... sinon c'est la surcharge optique assurée !
Ce qui est par contre tout à fait typique, ce sont les chapeaux...
ceux de Diego de La Vega !
Et surtout les spécialités gourmandes de la région :
Les insectes grillés !
Nous avons rejoint des copains du groupe, et tout le monde se plait à goûter les sauterelles pimentées avec un plaisir... pas si évident !
En fait, ça croustille mais ça n'a d'autre goût que celui du piment très fort... nous finirons donc par un peu de dégustation de Mezcal à tous les parfums pour nous aider à digérer tout ça !
En revenant vers le car, nous devons être un peu pompettes parce que nous voyons tout en rose... à moins que ce soit le coucher du soleil ?
ARTICLE SUIVANT : MONTE ALBAN
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Monte Alban est un vaste centre cérémoniel édifié sur une colline par les Zapothèques entre 200 av JC et 950 après JC.
Au cours des 3 siècles qui ont précédé la Conquista, les guerres opposant les Zapothèques et les Mixtèques ont progressivement transformé la cité en nécropole pour souverains mixtèques (172 tombes ont été mises à jour), les Zapothèques ayant été refoulés dans les vallées près des cours d'eau.
Les Zapothèques furent, avec les Olmèques, parmi les premières civilisations à occuper l'actuelle amérique latine. C'était de remarquables artistes (sculptures, orfèvrerie, bijoux), d'ailleurs c'est ici qu'a été trouvé le premier trésor pré-hispanique (bijoux d'ambre, d'obsidienne, d'or et d'argent, os de jaguar sculptés...) mais, malgré les fouilles nombreuses, la découverte merveilleuse ne s'est pas reproduite... (j'ai moi-même un peu gratté la terre et je n'ai rien trouvé !)
Le calme de cette ancienne cité qui culmine au-dessus de la ville de Oaxaca nous procure une sensation de sérénité, accentuée par le fait que nous sommes pratiquement seuls sur le site et que Saul a choisi de nous faire arriver par la plateforme nord qui domine l'ensemble des édifices.
D'ailleurs, vous pouvez voir sur cette photo comme nous sommes sereins...
Il faut dire que le cadre est superbe et le plan de la cité très harmonieux.
Le problème c'est que les archéologues ne savent pas grand chose sur ce site, aussi les pyramides portent le nom poétique de "Edifice K" ou "Système M"...
Bon, on sait quand même que la Place Principale (300m sur 200) était le lieu de rituels religieux et que la cité avait développé un système gouvernemental étatique dominé par les prêtres.
Comme les autres sites pré-hispaniques, les édifices étaient à l'origine recouverts de stucs et peints de couleurs vives. Les temples qui surmontaient les pyramides ont ici aussi disparu.
Les constructions qui trônent au centre de la place portent le nom édifiant de I, H et G...
Sur la plateforme nord, de belles stèles gravées.
Là, c'est le Patio Hundido (cour creusée)... enfin un nom qui ressemble à quelque chose ! La situation en contre-bas de cette place ainsi que son autel central laissent à penser que des cérémonies liées au culte de l'Inframonde se déroulaient ici.
Dans le Patio Hundido...
Un système ingénieux d'évacuation et de drainage des eaux usées avait été mis en place mais un système encore plus ingénieux de galeries souterraines permettaient au Grand Prêtre d'apparaître comme par enchantement d'une pyramide à l'autre (être un peu illusionniste, ça aide à entretenir la foi...)
Cet édifice est appelé "El Palacio"
Vue sur la place à partir du côté sud.
Bien sûr, une visite d'un site archéologique ne serait pas complète sans sa petite grimpette...
Du haut de la Plateforme sud, nous avons une très jolie vue sur l'édifice J appelé "l'Observatoire"
Cet édifice a suscité de nombreuses hypothèses en raison de sa forme (pentagonale) et de son orientation inhabituelle (chaque angle forme un angle de 45 degrés avec les autres constructions). De nombreux chercheurs identifièrent divers alignements astronomiques mais bien d’autres hypothèses sont envisagées par les archéologues.
Ainsi, certains d’entre eux pensent qu’il s’agit d’un monument commémoratif car les murs sont décorés de pierres gravées représentant des peuples conquis par la cité de Monte Albán.
La pyramide de la Plateforme sud est joliment décorée.
L'Edifice des Danzantes est l'un des plus anciens du site.
Il est célèbre pour ses pierres sculptées "les Danzantes", littéralement "Procession des danseurs", car les gravures représentent des personnages nus dans des positions de contorsion.
De nouvelles théories émettent aujourd'hui l'hypothèse qu'il s'agirait plutôt de personnes handicapées atteintes de trisomie ou d'autisme, considérées alors comme des chamans. Cette hypothèse serait attestée par des signes caractéristiques du mongolisme, comme la position et la morphologie des mains ou les traits des visages.
Dessin ou écriture ?
Une cité pré-hispanique ne serait pas complète sans son terrain de jeux de pelote (où, je le rappelle, se disputait la Coupe de l'Inframonde...)
On aperçoit en contre-bas la ville d'Oaxaca.
Les croyances populaires disent que Monte Alban est un dérivé de Monte Albar et aurait été nommé ainsi à cause des ipomées aux fleurs blanches qui couvrent ses flancs mais les archéologues pensent que les terres auraient appartenu à un espagnol du nom de Montalban...
Le tronc tourmenté de l'arbre de Tule peut atteindre près de 50m de circonférence comme celui du village de Santa Maria de Tule (que nous ne verrons qu'en carte postale...)
Nous finissons la visite par le Musée où j'ai bien failli être enfermée pour la nuit...
Plusieurs crânes trépanés ont été retrouvés sur le site ce qui révèle que les zapothèques s'essayaient à la chirurgie... bon, les médecins actuels disent que des personnes ainsi trépanées ne pouvaient pas vivre plus de 10 jours... c'est quand même bien d'avoir essayé !
Nous finissons cette visite très surpris d'avoir vu si peu de visiteurs sur ce très beau site : Saul nous explique que depuis la grippe "porcine", les touristes ont déserté le Mexique et que tous les sites sont concernés par cette désaffection... à part ceux du Yucatan où les américains viennent en masse, surtout pour profiter des stations balnéaires et des hôtels-club de Cancun ! (car selon notre Saul qui adOOOOOOre les américains, ceux-ci ne s'intéressent pas du tout aux sites archéologiques, puisqu'ils n'ont pas d'histoire ancienne chez eux, seulement à la Fiesta sur la côte...)
Yee-Ha !
PROCHAIN ARTICLE : OAXACA
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