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100 ans avant JC, Palenque n'est qu'un hameau vivant de l'agriculture au pied d'une chaîne de collines couvertes de jungle... 7 siècles plus tard, c'est une immense cité qui contrôle une vaste région qui s'étend du Nord-Chiapas aux plaines du Tabasco (fleuve à la sauce rouge piquante?)
De ses 19 souverains, le plus célèbre est le roi-prêtre Pakal le Grand (il mesurait 1m70 pour une moyenne de 1m40 à l'époque) qui a porté la ville à son apogée en ordonnant la construction de ses principaux temples et a été vénéré comme un dieu solaire après sa mort...(il faut dire que sa vie a été exceptionnellement longue (603-683) ... bref ce fut le Louis XIV des Mayas !!!!)
Mais lorsque Palenque s'effrondre au début du 9e siècle, les mayas quittent la ville pour Uxmal puis Chichen Itza... la forêt reprend ses droits et les vrais recherches sur le site ne seront entreprises qu'au 19e siècle.
De nos jours, seuls 35 édifices ont été dégagés et restaurés sur une zone de 2,5km², à savoir 10% de l'étendue couverte par la cité pendant son âge d'or... en effet, de peur d'abîmer les vestiges, les archéologues attendent les progrès technologiques qui permettront d'explorer les ruines sans avoir à les dégager de la végétation qui les recouvre car, comme à Angkor, les racines des arbres ont envahi les murs... une tombe a d'ailleurs été trouvée récemment mais personne n'y est entré tant l'édifice est fragile !
Les boutiques pour touristes ne sont, par contre, pas fragiles du tout !
Aussi, avant d'arriver sur le site, nous commençons par quelques achats...
Ces arcs sont vendus par des indiens en robe blanche, descendants directs des Mayas de Palenque...
La luxuriante végétation locale est un régal.
Comme dans les autres sites, certains temples ne portent que des numéros alors qu'à d'autres ont été attribués des noms en rapport avec les bas-reliefs qui les ornent...
Ici le temple du Crâne (voilà en zoom le pourquoi du comment...)
...qui jouxte le temple de la Reine rouge (on y a trouvé la tombe d'une femme au corps enduit de cinabre, oxyde de fer de couleur rouge... la mère de Pakal ? Difficile de répondre car on ne peut pas faire de tests ADN : les tombes étaient empoisonnées au mercure... mais heureusement elles n'étaient pas étanches, aussi aucun explorateur n'est mort !)
Le temple des Inscriptions domine la Grand Place au sommet d'une pyramide de 21m qui a été construite autour de la tombe de Pakal. Ses 9 niveaux représentent l'inframonde tandis que le temple est orné de 600 glyphes contant les faits de gloire du roi-prêtre.
En effet, ici, pas de stèle comme sur les autres sites : les écritures sont gravées sur les murs.
Saul nous réunit sur les marches du "Palacio" et je m'empresse de sortir mon petit carnet pour prendre des notes afin de me faire pardonner les nombreuses fois où je lui ai posé des questions dont il avait déjà donné la réponse, ce qui me valait à chaque fois un air condescendant et exaspéré avant la traditionnelle rebuffade "j'ai déjà répondu à ça !" Je crois que j'ai loupé la punition de peu !
Le Palais est l'édifice le plus imposant et le plus complexe du site. Il est surmonté d'une étrange tour à 4 niveaux qui servait peut-être d'observatoire astronomique.
Des galeries entourent le palais, l'une d'elles présente les restes colorés d'un bel exemple de bas-relief de stuc : il faut se dire en effet que tous ces édifices étaient recouverts de peinture rouge vif et turquoise !
Un copain du groupe fait constamment suivre avec lui des livres sur les sites visités (pour vérifier que Saul ne nous dit pas de bêtises ? En tous cas, notre guide apprécie moyennement... y'a pas que moi qui frôle la sanction !) alors j'en profite pour prendre une photo d'une reconstitution du Palacio.
Le palais tout entier est orné de gravures :
Pakal est souvent à l'honneur, avec sa haute taille
mais aussi des glyphes
notre ami Tlaloc ou une simple déco ?
Des cours intérieures entourées de galeries...
Bref, tout à fait le style mauresque !
Retour sur la Grand Place, devant le mausolée de Pakal
Saul nous explique comment les représentations de Pakal ont pu laisser libre court aux interprétations les plus farfelues...
...certains pensent en effet qu'étant donné sa taille et sa longévité exceptionnelle, il s'agissait en fait d'un extra-terrestre venu en vaisseau spatial... (un Na'vi de Pandora?)
Où l'on peut voir la taille démesurée de Pakal par rapport à ses concitoyens : 1m70... un vrai géant ! (et je ne vous parle même pas des muscles...)
Bon, pas de visite d'un site archélogique sans grimpette...
Avec Norbert, on se répartit la tâche : je fais celle du temple du Soleil et lui celle du temple de la Croix (ou inversement...) et puis je craque et je le rejoins ! Deux grimpettes pour le prix d'une, j'allais pas rater ça !
Le panorama est joli du haut des 2...
... mais la pyramide de Norbert est quand même plus haute ! (d'où la répartition initiale...)
Surtout que le temps aujourd'hui est humide et très chaud... idéal pour les ascensions !
Vue sur le Palacio et la plaine du Tabasco.
Une fois tous les grands sportifs récupérés, nous quittons le site par le sentier qui traverse la forêt où un millier de ruines attendent d'être restaurées...
... pour une ballade de 20mn qui nous permet de voir Palenque telle que
l'ont découverte les explorateurs des siècles passés...
y'a encore du boulot !
Mais le décor est bien sympa...
Dans les bouquins, ils parlent de "charme romantique"...
Pour finir, un petit tour dans le très joli musée de Palenque où nous avons le droit in extremis d'aller voir à nouveau la reconstitution de la crypte funéraire de Pakal.
Fresque gravée sur le côté du sarcophage de pierre (à gauche Pakal, au milieu "l'héritier du trône", à droite un être "surnaturel"...)
Une superbe collection d'encensoirs dont certains mesurent jusqu'à 1m15 de haut pour 65kg.
Des figurines aux traits étrangement asiatiques...
et encore des stèles et bas-reliefs
Pakal jouant aux marionnettes et tenant Guignol dans sa main ?
La très belle écriture maya était réservée à la noblesse : les glyphes ne racontent que les faits et gestes des chefs et des souverains mais ne donnent aucune information sur la vie du peuple.
Et voici une méthode véritablement syllabique : chaque glyphe représente une syllabe, associés ils forment des mots... Certains représentent des nombres ou des dates.
Maquette du Palacio...
...et représentation très colorée du site nous permettent de mieux appréhender la réalité de l'époque.
A comparer avec ma panoramique !
ARTICLE SUIVANT : DE PALENQUE A CAMPECHE
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Oups! Je viens de retrouver des photos de Campeche by night que j'avais rangées dans un autre dossier ! Aussi je les rajoute à la fin de l'article...
En route pour le Yucatan et le Golfe du Mexique... nous commençons par un arrêt repas...
Sympas, les clients du resto !
Celui-là m'a à l'oeil : de quoi me couper l'appétit ! (non, j'exagère...)
Miam, super bons les Miel Pops !
J'en veux moi aussi !!!!!
Comme c'est l'après-midi gastronomique de notre circuit, nouveau repas lors de l'arrêt technique... enfin pour certains du groupe qui ne résistent pas au plaisir de faire leur tacos eux-mêmes !
D'autres sont épuisés de passer l'après-midi assis dans un car...
Joli décor, comme partout...
Par contre, les villages que nous longeons sont moins luxuriants...
Puis arrivée en bord de mer au soleil couchant...
...et nouvel arrêt gastronomique ! Ben oui, il faut bien goûter le ceviche, spécialité mexicaine de cocktails de fruits de mer, pour faire honneur à la cuisine locale...
...et puis on en profite, Saul est bien luné, il accepte de nous arrêter en faisant une entorse au programme !!!
Non, non, ce n'est pas une nouvelle étape gastronomique...
C'est très youli la mer, le soir, on apprécie...
Campeche fut la première ville espagnole de la péninsule du Yucatan : elle
est spécialisée dans la déco pirate !
En effet, c'était le seul port de la région, d'où l'intérêt démesuré que lui portaient les corsaires, flibustiers et autres capitaines Jack Sparrow de l'époque... Des fortifications de 8m de haut ont donc été érigées à la fin du 17e siècle.
2 portes permettaient l'accès à la ville : la puerta de la Tierra
et celle del Mar qui présente un écusson gravé en forme de Galion.
De jolies maisons coloniales colorées rappellent la présence de riches marchands dans cet ancien port de commerce.
Le centre historique est d'autant plus joli que les bâtiments sont magnifiés par l'éclairage nocturne.
La cathédrale de la Conception, érigée au 17e siècle, est d'une architecture
baroque très harmonieuse et assez sobre... ça change !
En plus, la ville est très animée : tout autour du kiosque du Parc Central des tables ont été installées pour permettre aux joueurs invétérés (de.... loto ?) de pouvoir s'adonner à leur vice...
Ils sont tellement concentrés qu'ils ne s'aperçoivent même pas de notre présence ! (A noter que la dame à droite triche : elle prend discrètement des choses dans son sac à main habilement dissimulé sous la table !)
Par contre voilà une présence que n'ont pas ratée les messieurs de notre groupe !!!
(Miss Coup de Coeur des Miss Pays du Tacos...)
Très joli défilé destiné à présenter la toute dernière mode en matière de chemise
de nuit et robe de chambre...
Même la lune nous fait un show : son croissant s'est couché ce soir !
Cette place est une merveille, on se régale.
Nous finissons par une petite promenade en bord de mer mais le vent fort nous rapatrie rapidement dans nos chambres d'hôtel... les pirates ne seront pas de sortie ce soir !
Dommage...
PROCHAIN ARTICLE : UXMAL
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Uxmal, c'est un site super beau, sauf que je ne m'en suis pas rendue compte sur place : c'est le jour où j'ai choisi l'option tourista ! Heureusement, j'ai quand même pris des photos : aussi, en les revoyant récemment, j'ai beaucoup apprécié la visite ... à posteriori !
Uxmal est un modèle d'architecture et de décoration Puuc. La ville dominait la région Puuc (= colline en dialecte maya) sur les plans politiques et économiques entre 750 et 1000, à la fin de l'ère classique. Vivant essentiellement de l'agriculture, elle vouait un culte prononcé à la Pluie et au Soleil comme en témoignent les nombreuses représentations de Tlaloc que les Mayas appelaient Chaac.
Nous arrivons par la Pyramide du Devin, spectaculaire par son volume et sa base curieusement ovale...
L'avantage de construire les temples du sommet des pyramides en pierre au lieu du bois c'est qu'ils résistent au temps : il sont sympas d'avoir pensé à nous les Mayas !
Alors ici, tout est fait pour nous montrer la puissance du dieu de la Pluie :
il est représenté partout !
Et de préférence avec un air très méchant...
Bouh ! Le pas beau ! Il a même les yeux en spirale, comme Kaa dans le Livre de la Jungle ! C'est pour nous hypnotiser ! (bon, vous pouvez quand même admirer au passage la finesse des décorations...)
Et je ne vous parle même pas de son nez crochu...
Nous traversons les espaces dédiés au Jeu de Pelote où des mexicains rendent à l'endroit son caractère sportif en y pratiquant avec élégance leur gymnastique quotidienne...
... pour rejoindre le Carré des Nonnes, nommé ainsi par les découvreurs européens en raison de la similitude avec les cours intérieures des cloîtres. En fait on pense aujourd'hui que cet ensemble était une école (belle cour de récré !) pour les guérisseurs, les astronomes ou les prêtres.
Quatre palais comme celui-ci entourent le patio : selon la tradition Puuc, ils font contraster la nudité des bas de mur avec la riche ornementation de la partie supérieure. Tout cela était bien évidemment recouvert de stucs aux couleurs vives.
Peu respectueux du site mais doté d'un caractère facétieux, un des copains du groupe passe son temps à faire le zouave sans craindre les foudres de Chaac... mais il essuiera très prochainement celles de Saul qui règlera ses comptes avec nous dans le car demain !!!
Nous continuons vers le complexe sud du site.
La Maison des Tortues
On voit aisément d'où lui vient ce nom...
Le Palais du Gouverneur (900 ans après JC) est unaniment reconnu comme le chef-d'oeuvre le plus abouti de l'architecture décorative Puuc. Il a subi peu de restauration car il a été découvert dans un état de conservation exceptionnel. Sa porte centrale est dirigée tous les 8 ans dans l'axe du lever de Vénus.
La frise présente deux lignes en ondulation qui symbolisent le serpent cosmique. Au centre, un roi portant une coiffure de plumes.
Très belle arche révélant la perfection dans l'agencement des pierres.
Devant l'escalier central, ce jaguar bicéphale servait de trône.
Ensuite, nous débouchons sur la Grande Pyramide ou Temple Mayor. Son temple est dédié à Chaac et aux Perroquets (symbole solaire).
Il paraît qu'on a une très belle vue sur le site d'en haut... ben moi, j'ai déjà la tête qui tourne en bas et du mal à aligner un pas devant l'autre, alors je laisse Norbert monter tout seul !!!
De toutes façons, je ne reste pas seule...
Je ne me souviens absolument pas de cette photo, alors je présume que Norbert l'a prise du haut de la pyramide !
Fin de la visite avec le complexe du Pigeonnier dont il ne reste plus que la façade ajourée. La crête dentelée projette une ombre de serpent au coucher du soleil (il faudra revenir...)
Notre repas de midi est décrit comme "typiquement maya" dans notre programme... bon, la déco du resto n'est pas particulièrement épurée !
Par contre, le repas le sera pour moi... dommage, ça avait l'air bon !(poulet "pibil" mariné avec du jus d'orange, de l'ail et des épices)
En grand connaisseur, Saul nous explique qu'il n'y a aucun remède contre la tourista : "c'est normal et il faut juste attendre que ça passe"... alors j'attends !!!!!!
Bon, il est vrai qu'il ne nous reste plus que 2 jours de voyage... enfin, en principe, parce que depuis 1 ou 2 jours filtrent des rumeurs concernant un volcan islandais au nom imprononçable qui empêcherait la circulation aérienne... pour une fois que ce n'est pas la grève ! (j'en profite, j'ai de la famille dans l'aviation civile...)
En attendant, on rigole, on se déguise, tout le monde a le moral... sauf Saul qui n'en peut plus !
ARTICLE SUIVANT : MERIDA
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Merida est une ville coloniale construite sur les restes d'une grande cité maya, Tho.
Bien à l'abri des ouragans, elle prospère grâce à l'agriculture pour devenir la capitale de la péninsule du Yucatan. A l'aube du 20e siècle, les "Haciendados" y ont fait fortune et Merida se vante d'être la ville qui compte le plus de millionnaires au monde...
... ce que rappellent les fastueuses demeures du Paseo de Montejo que le car emprunte à notre arrivée.
On appelle la ville "Merida la blanche"...
Ce très beau palais de la fin du 19e abrite aujourd'hui le Musée de l'Antropologie.
Bref, ça change des maisons aperçues en banlieue...
Dommage que le linge soit étendu aux fenêtres... (:))
Notre hôtel est une sorte d'hacienda moderne
A l'intérieur, un patio
Une chambre super classe
qui donne sur la piscine...
Bruyant mais sympa !
Petite visite libre de Merida, nous sommes charmés par l'ambiance de cette ville : maisons colorées, façades sculptées, placettes ombragées, végétation tropicale, femmes en tenues brodées, nombreux musées... une ville d'art et de culture où il fait bon flâner.
Superbe Palacio del Gobierno à la façade néoclassique
qui recèle des fresques contemporaines racontant l'histoire du Yucatan et peintes par Fernando Pacheco.
Dans la petite Eglise de Jésus, un retable plateresque.
La Casa Montejo a conservé sa façade sculptée de style plateresque également
La cathédrale est de style on ne peut plus simple... elle a été construite avec les pierres d 'une ancienne pyramide.
A l'intérieur, une procession menée par un évêque... enfin, un ecclésiastique portant un bonnet d'âne !
La Plaza Mayor est très animée en cette fin de journée : marché, vendeurs ambulants, musique et danse... on prend avec délectation le pouls de cette ville festive !
D'ailleurs Norbert se fait rapidement des copines musiciennes...
Cette boutique vend des articles originaux et... joyeux !
J'ai craqué pour cette adorable petite crèche...
Sous les arcades de la jolie mairie à double galerie...
... les orchestres de cuivre se succèdent en alternant musique jazz et rythmes latino sur lesquels danse une foule bigarrée de tous âges, le plus souvent en couple.
Norbert est à son affaire : enfin des Aïe Aïe Aïe de qualité !!!!!
Nous sommes quelques unes du groupe à ne pas pouvoir résister à ces rythmes... (mal)heureusement je n'ai comme souvenir que cette capture d'écran floue d'une vidéo de Norbert...
En tous cas, les mexicains ont beaucoup apprécié que nous dansions à leur côté : ils nous ont même remerciées de notre participation et j'ai eu droit à un serrage de main !
Alors que les vendeurs ambulants installent leur resto à ciel ouvert...
... les mamas refont le monde.
Quant aux papas, ici ils les vendent riches et à la française !
Par contre, les platanes frits... je crains que ça n'améliore pas ma tourista déjà bien mise à mal par mes gracieux trémoussements précédents !
ARTICLE SUIVANT : CHICHEN ITZA
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Départ de bonne heure ce matin pour aller visiter le site archéologique le plus fréquenté du Mexique, Chichen Itza.
D'après Saul, qui adOOOOOOre toujours les américains, c'est parce qu'il se situe non loin de Cancun, où les Yankees viennent faire la fiesta... effectivement, nous croiserons de nombreux archétypes du touriste américain tel qu'on se l'imagine : des Deubeulyou à chapeau, au ventre bedonnant et au teint rougeoyant, de blondes Marylin au chemisier blanc (parce que ça met mieux en valeur le bronzage...) ouvert sur bikini pigeonnant... de vraies caricatures !!!
Ca nous change de Monte Alban et Uxmal, où nous étions pratiquement seuls ! Heureusement, nous arrivons suffisamment tôt sur le site pour pouvoir en profiter un peu avant l'invasion...
L'endroit est spectaculaire, d'abord par sa beauté mais aussi par sa superficie : la cité couvrait 25 km² au temps de sa splendeur et ses ruines ont fait l'objet de rénovations soignées sur les 300 ha actuellement visités. Déjà classé au patrimoine mondial par l'Unesco (comme tous les lieux au Mexique... même le papillon monarque mexicain est classé !), le site est également entré au palmarès des "nouvelles sept merveilles du monde" en 2007.
L'autre intérêt du site, c'est le mélange des cultures : d'abord peuplé par des Mayas indigènes, ensuite par les Itzas (branche Maya venue du Tabasco), puis abandonné et repeuplé par des Toltèques venus du Nord... les avis des historiens divergent sur la chronologie, certains pensant même que Toltèques et Mayas auraient cohabité... Quoi qu'il en soit, encore un bel exemple des bienfaits de la rencontre de cultures différentes (je pense notamment aux merveilles hispano-mauresques dans la péninsule ibérique..)
Le cénote des sacrifices : c'est autour de ce puits naturel de 35 m de profondeur que s'est édifiée la cité sacrée. Il symbolisait en effet pour les Mayas et pour leurs successeurs une porte vers l'inframonde où résidaient les Dieux (vous vous souvenez, ceux qui ont tout le temps faim de chair humaine...)
Ayant atteint son apogée entre 850 et 1150, la ville a été abandonnée vers 1250, pour des raisons que l'on ignore (il n'y a aucun glyphe sur le site...) mais grâce au cénote, son importance symbolique a perduré pendant des siècles car on continuait à y venir en pelerinage pour effectuer des sacrifices...
On entre sur le site par la zone "maya toltèque" où l'influence des cultures toltèques se traduit par le culte voué à Kukulcan : rien à voir avec des affreux en robe blanche et chapeau conique très haut et très pointu, il s'agit en fait du nom de Quetzalcoatl en langue maya... La pyramide emblème du Mexique que l'on connait sous l'appellation "d'El Castillo" porte d'ailleurs en réalité le nom de "Pyramide de Kukulcan". Elle a été construite autour d'une pyramide plus petite et on a trouvé une tombe sans sarcophage à l'intérieur.
Ses proportions sont parfaites (bien que pas symétriques : Saul nous parle régulièrement "d'asymétrie harmonieuse") et tous les détails de son architecture sont empleints de la symbolique religieuse de ces peuples : les rampes de l'escalier principal sont des serpents, la forme carrée est à l'image de l'univers tel que se le représentaient les Mayas, le nombre de marches (91) auxquelles se rajoute l'ultime marche qui relie les 4 escaliers transforme le Castillo en un véritable calendrier de pierres (4x91 + 1 = 365), le nombre de plateformes (9) symbolise les 9 régions de l'Inframonde (en lien avec les 9 mois de grossesse), les 52 panneaux plats qui ornent chaque face correspondent au cycle maya complet...
Et pour couronner le tout, 2 fois par an, aux équinoxes (Saul nous parle régulièrement de "passage zénital", ce qui me fait sursauter à chaque fois...), Kukulcan descend sur terre puisque les rayons du soleil passant derrière la pyramide projettent un jeu d'ombre et de lumière sur la rampe de l'escalier nord qui donne l'impression d'un serpent ondulant se dirigeant vers le cénote sacré...
Ils sont forts ces Mayas ! Quand je pense qu'ils nous ont prédit le fin de notre monde l'année prochaine...
En plus, on n'a même plus le droit de monter au sommet de nos jours... Il nous faudra bien une petite Tequila frappée tout à l'heure pour nous remonter le moral !
Saul nous emmène ensuite voir le terrain du Jeu de Pelote adossé au Temple des Jaguars (donc décoré de ? J'en vois qui ne suivent pas !)
... de jaguars !!!!! que l'on voit bien sur cette frise qui orne le haut des murs... ah ben oui, faut aller chercher les lunettes !
Allez, je vous aide...
Là, plus de doute !
Par contre, ici, y'aurait en plus une influence Kukulcanesque que ça ne m'étonnerait pas...
De jolies fresques à l'intérieur, un brin guerrières comme toutes les décorations toltèques... d'après Saul, cela prouve la décadence de ces peuples : on ne fait plus d'art pariétal pour la beauté de la décoration mais pour glorifier les combattants et relater les guerres, invasions et autres assujettissements d'autres civilisations !
Ce Jeu de Pelote (Balle) est le plus grand de Mézo-Amérique et il est pétri de symbolisme cosmologique : il représente la craquelure qui se fit sur la carapace de la Tortue Cosmique au moment de la 4e création et une prophétie maya affirme que Kukulcan en personne en surgira en 2012... Alors non seulement, ce sera la fin du monde mais, en plus, on devra affronter un serpent géant ! Pas vraiment envie, moi ! (d'autant plus que j'ai pris du retard en matière de sacrifice humain...)
Les bas-reliefs dépeignent le jeu sacré où les équipes se renvoyaient une lourde balle de latex avec les coudes, les hanches ou le torse avant de bénéficier d'un sympathique spectacle de décapitation du capitaine de l'une des deux (puis hop ! direct dans le puits... faut bien nourrir son dieu, comme je le disais précédemment... enfin, rassurez-vous, ils ne sacrifiaient pas seulement les grands sportifs, on a retrouvé aussi des ossements de femmes et d'enfants dans le Cénote sacré...)
Moment impressionnant quand Saul nous ayant demandé le silence, frappe une fois dans ses mains et que le son est reproduit exactement 7 fois grâce à l'acoustique exceptionnelle du lieu et à l'association mur concave / mur convexe...
Bon, notre facétieux copain semble plus accaparé par les articles en vente que
par le caractère sacré du lieu... et moi c'est la taille de la vendeuse qui m'intéresse !
Superbe tribune pour assister aux matchs de la Coupe de la Fin du Monde... en fait, il n'y avait pas d'autres spectacteurs que les prêtres, car ce jeu était plus un rituel religieux symbolisant le combat cosmique soleil / lune qu'un sport populaire ! (la preuve, aucune chaîne de télé ne retransmettait...)
Toujours de très jolis arbres fleuris : après les violets, les jaunes et les rose, voici les orange !
Saul nous arrête longuement devant cette stèle pour nous montrer la représentation humaine qui orne le bas.
Selon lui, il s'agirait du fameux "homme barbu" à savoir le roi toltèque Quetzalcoatl qui avait fui sa cité pour une sombre histoire de moeurs puis soi-disant disparu au-dessus des flots de la mer des Caraïbes... (voir l'article sur les fresques de Rivera au Palacio Municipal de Mexico).
En fait, il se serait établi ici car on a retrouvé sur le site trois stèles contant son histoire. Ah ben ! Moi qui croyais qu'il s'était réincarné en Hernan Cortez !
Nous continuons en longeant le Tzompantli où, d'après Saul, les Toltèques ont mis les crânes de leurs ennemis en brochette... C'était un autel sur lequel on exposait les crânes bien réels des vaincus.
Le temple des Aigles et des Jaguars a une très jolie forme.
Les bas-reliefs montrent l'aigle (soleil ) et le jaguar (lune) dévorant des coeurs humains, en apologie au sacrifice humain comme moteur de renouvellement de l'énergie cosmique (j'ai l'impression de faire la pub d'une secte style " Skippy le Grand Gourou "...)
Le serpent crotale ondulé (Kukulcan) est également à l'honneur...
C'est violent mais c'est beau ! Moi, perso, je ne ressens pas du tout la décadence dans ces gravures... c'est juste l'iconographie religieuse de l'époque... La nôtre, c'est vrai, est bien plus "soft" : on a juste un mec crucifié avec des trous dans les mains et les pieds et une couronne qui pique sur le front ! Et je ne vous parle même pas des paroles suaves de notre hymne national...
Voilà un chacmool : dénommé ainsi arbitrairement par les découvreurs selon un mot maya yucaltèque qui signifie "griffe rouge"... on ne connait ni son utilité ni sa signification (lampe à huile ? réceptacle du sang des sacrifiés ?)
L'Autel de Vénus est construit sur le même modèle que le temple des Aigles et des Jaguars. L'étoile du matin est symbolisée ici par la demi-fleur à 3 pétales et les motifs de poissons.
Le Temple des Guerriers présente un chacmool à son sommet. Les colonnes devant supportaient un toit aujourd'hui disparu.
La série de colonnes du temple se prolonge de façon spectaculaire dans ce qu'on appelle "Le groupe des mille colonnes".
Elles présentent aussi de jolis bas-reliefs.
On ne connait pas d'équivalent à cette construction dans tout le monde maya.
Saul nous a lâchés pour un peu de temps libre et nous devrons faire le reste au pas de course car le complexe est immense... nous ne pourrons pas tout voir !
Nous passons donc rapidement devant les expos-ventes d'artisanat (où s'arrêtent par contre les Américains, qui viennent juste d'arriver...)
pour rejoindre la zone maya puuc au sud... si j'ai bien suivi, les édifices de cette partie sont donc plus anciens que les précédents. Ici la Tombe du Grand Prêtre, appelée également l'Ossuaire car on y a trouvé dans une crypte des ossements et des offrandes de pierres semi-précieuses.
Très belles rampes en forme de serpents.
Le Caracol a été appelé ainsi car sa forme circulaire (peu commune) abrite un escalier en colimaçon. C'est frustrant, on ne peut entrer dans aucun bâtiment, on est obligés de croire les guides sur parole !
La tour de style maya toltèque a été construite sur des bases rectangulaires Puuc. La position des fenêtres laisse penser qu'il s'agissait d'un observatoire des phénomènes astraux (solstices, équinoxes, lever de Vénus...). La fenêtre principale se trouve dans l'axe exact du point où se couche le soleil le 13 août, pour l'anniversaire du jour de la fondation du 4e monde (celui de la Tortue qui s'est fendillée) en 3114 av JC, ce qui ne nous rajeunit pas.
Nos copains Alain et Nadège ont acheté un livre de reconstitution des sites mayas et me le prêtent gentiment pour des photos... j'en profite !
Le Caracol
Le Palacio de Palenque
La pyramide du Devin d'Uxmal
ARTICLE SUIVANT : CANCUN
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